Sainte Odile d’Alsace
Sainte Odile est la fondatrice du monastère de Hohenbourg, dit aussi du Mont-Sainte-Odile, la colline d’implantation ayant pris le nom de la fondatrice. Un texte anonyme écrit peu avant 950 raconte la vie d'Odile, mais il s'agit d'une hagiographie, en partie légendaire. Les éléments véritablement biographiques sont donc limités.
Née vers 662 à Obernai, elle est la fille d'Etichon-Adalric, duc d'Alsace, et de son épouse Berswinde. Son père attend avec impatience un héritier mâle. La nouvelle de la naissance d’une fille aveugle le met en rage. Il ordonne de tuer l’enfant. Sa mère réussit toutefois à la confier à une nourrice et à éloigner sa fille de son époux. Odile est élevée dans le monastère de Palme en Bourgogne, aujourd'hui Baume-les-Dames.
Selon le texte de la Vie de sainte Odile, l'enfant n'a alors pas encore reçu le baptême. Erhard, évêque de Ratisbonne, a une vision dans laquelle Dieu lui ordonne de se rendre à Baume afin de procéder à ce baptême, ce qu'il fait quelques jours plus tard. Au moment où l'huile sainte touche les yeux de l'enfant, celle-ci retrouve la vue. Elle reçoit le nom d'Odile, qui signifie « fille de la lumière ». Le miracle fait grand bruit, mais ne suffit pas à apaiser Etichon. Loin de se réjouir lorsqu'Odile revient le voir, accompagnée de son frère Hugues, il se met dans une telle fureur qu'il tue ce dernier. Mais tout aussitôt, le duc regrette profondément son geste.
Il décide d’expier son crime en recevant enfin sa fille et en lui donnant le château de Hohenbourg. Dans les années 680, Odile transforme le château en monastère. Odile devient abbesse de Hohenbourg vers 700. Le couvent est un asile pour les jeunes filles pieuses de la noblesse austrasienne et bourguignonne. Par la suite, sainte Odile fait construire pour les malades un hôpital desservi par un second établissement au pied de la colline, le Niedermünster, c'est-à-dire le « monastère d'en bas ». Son père et sa mère se retirent au monastère. Elle meurt le 13 décembre 720 selon la tradition. Sainte Odile est canonisée par le pape Léon IX et devient rapidement la sainte patronne de l’Alsace.
Le 13 décembre 720, se sentant mourir, Sainte Odile envoie ses sœurs en religion prier pour elle dans l’église, et à leur retour, celle-ci semble morte. Leurs prières la ramènent à la vie, et elle peut leur dire qu’elle était en compagnie de sainte Lucie. Un ciboire apparait miraculeusement lui permettant ainsi de communier et de mourir munie du Saint Viatique. La vie de sainte Odile se caractérise par son austérité et sa charité envers les pauvres et les malades. Fort instruite, sainte Odile est versée dans la connaissance des Ecritures. Son testament contient des Règlements.
Après le décès de sainte Odile, l’abbaye devient le lieu d'un pèlerinage. Trois filles du frère d'Odile, Adalbert, deviennent abbesses : sainte Eugénie († 735), sainte Gundelinde ou Gerlinde, première abbesse de l'abbaye de Niedermunster et sainte Attale (vers 690-741), première abbesse vers 718 de l'abbaye de Saint-Étienne de Strasbourg. Le monastère est alors régi par la Règle bénédictine.
Vers 1153 l'empereur Frédéric Ier Barberousse visite l'abbaye de Hohenbourg et décide de reconstruire les deux monastères, Niedermunster et Hohenbourg, ruinés par son père Frédéric II de Souabe durant la Querelle des Investitures. Frédéric Ier Barberousse charge une de ses parentes, Relinde, abbesse augustine de Rastibonne, de reconstruire les deux monastères à titre expiatoire. Avec l’abbesse Relinde, l’abbaye cesse d’être bénédictine pour devenir augustine, les moniales deviennent chanoinesses.
À la mort de Relinde, Frédéric IerBarberousse nomme Herrade au couvent de Hohenbourg et Edelinde à Niedermunster, deux abbesses issues de la famille des Landsberg. Herrade s'illustre comme auteur de l'ouvrage manuscrit Hortus Deliciarum. Le monastère est victime d’incendies à répétition et d’attaques armées tout au long du Moyen-Age. Après l'incendie de 1546, les chanoinesses abandonnent l’abbaye, et plusieurs d'entre elles, entre autres l'abbesse Agnès d'Oberkirch, adoptent les doctrines de la Réforme protestante. L’abbaye reste inoccupée puis des Prémontrés s’y installent.
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