Marie des Anges Suireau
Mère Marie des Anges Suireau, issue d’une famille de robe plutôt modeste, nait en 1599. Son père M. Suireau est avocat, sa mère s’appelle Marthe Fresnot. Attirée par le genre de vie de Port-Royal, elle entre à l’abbaye à seize ans le 12 avril 1615. Elle prend l’habit le 12 avril 1616. Elle fait profession le 16 avril 1617. La Mère Angélique l’emploie d’abord au Tour. Puis en 1622, la Mère Marie des Anges est envoyée à l’abbaye du Lys pour la réformer, elle y est maitresse des novices pendant trois ans.
Alors qu’elle est de retour à Port-Royal, elle est choisie, sur proposition d’Angélique Arnauld, comme abbesse de l’abbaye de Maubuisson. Elle prend cette fonction en 1628 et demeure abbesse jusqu’en 1648. Elle doit faire face à de nombreuses oppositions. Le groupe des anciennes professes refuse la réforme dans un premier temps et il faut toute la persuasion de la Mère Marie des Anges pour les amener à de meilleurs sentiments. Puis, le duc de Longueville souhaite lui faire agréer une de ses filles naturelles comme coadjutrice. Elle refuse. Marie des Anges Suireau doit ensuite essuyer les intrigues menées par ses supérieurs cisterciens. Vers 1635, une religieuse augustine, Madeleine de Flers, est installée dans la maison et nommée maitresse des novices pour « élever le spirituel ». Elle est accompagnée d’une autre religieuse ayant le même état d’esprit. Réputée pour ses extases et autres approches mystiques, Madeleine de Flers divise la communauté en trois groupes : ses admiratrices versant dans le délire mystique, ses ennemies partisanes du jansénisme, un troisième groupe d’incrédules la prenant pour une folle. Au bout de six mois, l’abbesse Marie Suireau demande instamment aux pères cisterciens de déplacer les deux augustines, ce qui est fait.Le retour aux canons cisterciens s'affirme alors. Cet épisode très pénible pour l’abbesse est relaté dans le livre de la sœur Eustochie de Brégis Modèle de foi et de patience dans toutes les traverses de la vie et dans les grandes persécutions ou Vie de la Mère de Marie des Anges abbesse de Maubuisson et de Port-Royal, sur les mémoires qui lui ont été fournis par la sœur de Sainte-Candide le Cerf, religieuse de Maubuisson, qui les avait dressés à la sollicitation de la Mère Angélique[1].
La Mère Marie des Anges se démet de sa charge d’abbesse de Maubuisson en 1648. Elle est regrettée de toute la communauté mais se retire devant la nouvelle abbesse avec qui elle n’a pas d’affinités. Elle revient à Port-Royal des Champs et demande à refaire son noviciat, ce qui lui est accordé. Elle seconde la maitresse des novices qui est alors la mère Agnès Arnauld en s’occupant des postulantes converses. Marie Suireau est ensuite élue abbesse le 26 novembre 1654. Elle le reste jusqu’à sa mort en 1658.
[1]- Henri BREMOND, Histoire littéraire du sentiment religieux en France depuis la fin des guerres de religion jusqu'à nos jours, Paris, Armand Colin, 1967-1971.