Sainte Radegonde
Née vers 520 à Erfurt en Thuringe, Radegonde est une princesse, fille de Berthaire, roi de Thuringe. À la mort de Basin de Thuringe, son royaume est partagé entre ses trois fils : Badéric, Hermanfred et Berthaire. Il s'ensuit une guerre fratricide. L'armée thuringienne est vaincue en 531 par le roi franc Clotaire. Avec son frère Hermanfred, Radegonde devient, à onze ans, prisonnière de Clotaire, après tirage au sort. Elle est emmenée dans le royaume de Soissons, puis dans le Vermandois. Durant une dizaine d'années, Radegonde y reçoit, grâce à Ingonde, épouse de Clotaire, une bonne éducation religieuse et intellectuelle. Elle apprend le latin et approfondit sa foi par la lecture de textes religieux. Ingonde meurt en 538. Radegonde est alors présentée au roi par un courtisan et Clotaire décide de l’épouser. La cérémonie de mariage, en présence de l'évêque Médard, a lieu à Soissons, vers 539.
Alors que la coutume veut que la reine soit fastueusement vêtue, Radegonde porte des vêtements simples par esprit d’humilité. De même, elle donne une partie de sa nourriture aux pauvres. Radegonde se détache de plus en plus des préoccupations mondaines pour mener une vie pieuse et charitable. En 555, Clotaire assassine Hermanfred, son frère. Elle décide de ne plus vivre avec le roi, alors qu’il la veut toujours comme épouse et comme reine. La reine Radegonde s'enfuit et trouve à Noyon l’évêque saint Médard. En dépit de l'hésitation de ce dernier, elle réussit à être consacrée diaconesse. Elle fait d'abord un pèlerinage à Tours sur le tombeau de saint Martin. Elle demande conseil à saint Jean de Chinon, un pieux ermite. Elle fonde ensuite un oratoire et un hospice où elle s'occupe elle-même des malades. En 545, sainte Radegonde se rend à Arles. Elle adopte la règle de saint Césaire.
Menacé d'excommunication par saint Germain, évêque de Paris, Clotaire finit par acquérir les terres près du quartier épiscopal de Poitiers où est construite l'abbaye Notre-Dame. L’abbaye est fondée en 552. La première abbesse est sainte Agnès, une ancienne dame de compagnie, la reine ayant refusé cette charge. A la demande de sainte Radegonde, l’évêque saint Médard convoque le concile de Tours en 567 qui établit la clôture à perpétuité pour les filles sous la règle de saint Césaire.Radegonde place l’abbaye sous la protection du Saint-Siège, pour être libre du pouvoir épiscopal.
Sainte Radegonde demande une portion de la Sainte Croix découverte par l’impératrice Hélène et la place dans son abbaye. Elle envoie en Orient des serviteurs pour récupérer des reliques de martyrs et de confesseurs. La portion de la Sainte Croix et les autres reliques sont placées dans une châsse en argent. L'abbaye est alors renommée Sainte-Croix. L'abbaye est aussi un foyer culturel majeur de son époque. Radegonde y fait venir le poète italien Venance Fortunat, plus tard évêque de Poitiers, en 599.
À la mort de Clotaire, elle use de sa réputation et de son autorité pour établir la paix entre ses fils. Radegonde a une grande influence sur les Grands du royaume, notamment Sigebert Ier, fils et successeur de Clotaire. D'après la moniale biographe Baudonivie, Radegonde est très soucieuse du « salut de la patrie » et de l'unité du royaume des Francs.
Le Christ apparait à sainte Radegonde un an avant sa mort pour lui montrer la place qu’elle aura au paradis. Il lui dit : « Tu es l’un des plus beaux diamants de ma couronne ». Cette vision est rapportée dans la Viede la sainte par la moniale Baudonivie[1]. A la fin du XIVème siècle, la tradition ajoute le détail de la trace du pied du Christ laissée dans la pierre. La pierre portant l’empreinte est appelée le « Pas de Dieu ». La pierre est longtemps conservée dans la chapelle du « Pas de Dieu », puis elle est déposée dans l’église Sainte-Radegonde à la Révolution française[2]. Radegonde meurt le 13 août 587, à environ soixante-sept ans. De nombreux miracles lui sont attribués, notamment des guérisons miraculeuses, ce qui attire de nombreux pèlerins. Elle est déclarée sainte peu de temps après sa mort.
[1]- Louise COUDANNE, «Baudonivie, moniale de Sainte-Croix et biographe de sainte Radegonde», dans Études mérovingiennes. Actes des Journées de Poitiers 1er-3 mai 1952, Paris, Picard, 1953, p.45-51.
[2]- Robert FAVREAU,« Le culte de sainte Radegonde à Poitiers au Moyen-Age », dans Les religieuses dans le cloître et dans le monde, des origines à nos jours, Actes du IIème colloque international du CERCOR (Poitiers, 29 sept-2 oct 1988), Saint-Etienne, Publications de l’Université de Saint-Etienne, 1994 (CERCOR-Travaux et recherches), p.99 à 101.
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