Angélique de Saint-Jean Arnauld d’Andilly
Angélique de Saint-Jean Arnauld d’Andilly nait le 28 novembre 1624. Nièce d’Angélique et Agnès Arnauld, Angélique de Saint-Jean Arnauld d'Andilly entre très jeune à l’abbaye de Port-Royal comme pensionnaire en 1630. Elle se distingue par son goût de l’étude et ses aptitudes dans ce domaine. Puis elle décide d’y rester comme postulante puis novice en 1641. Elle prononce ses vœux le 25 janvier 1644. Elle est tout d’abord maitresse des pensionnaires. En 1648, elle fait partie du groupe des religieuses revenant à Port-Royal des Champs, accompagnée de la mère Angélique.
Devenue sous-prieure et maitresse des novices en 1653, elle est très opposée au Formulaire. Dotée de capacités intellectuelles et d’organisation reconnues, elle se lance dans la défense de son couvent en rédigeant des mémoires justifiant de l’orthodoxie de Port-Royal. Elle devient prieure en 1659. Lors de la crise du Formulaire en juin 1661, elle accepte de le signer mais mentionne clairement en post-scriptum qu’elle le fait sous réserve de la distinction du fait et du droit[1]. Mais, dès lors que cette restriction n’est pas acceptée, elle se montre inflexible et refuse toute signature. Arrêtée en août 1664, elle est retenue prisonnière au couvent des Annonciades jusqu’en 1665. Regroupée avec les autres moniales récalcitrantes à Port-Royal des Champs, la mère Angélique de Saint-Jean est de fait séquestrée dans son propre monastère et privée de sacrements jusqu'à la Paix Clémentine en 1669[2].
Elle est élue abbesse en 1678. Elle entame une série de conférences, commentaires sur les Constitutions, la Règle bénédictine ou encore la Bible. En 1779, la persécution contre Port-Royal des Champs reprend. Le recrutement de pensionnaires et de novices est interdit. Les ecclésiastiques du couvent sont renvoyés, remplacés par d’autres qui tentent de « dé-janséniser » le monastère sur ordre de l’archevêque François Harlay de Champvallon. Dans ce contexte où le couvent est de plus en plus isolé, la mère Angélique de Saint-Jean se démène et écrit lettres sur lettres, sans pour autant obtenir une amélioration de la situation. Elle reste abbesse jusqu’à sa mort le 29 janvier 1684. Angélique de Saint-Jean Arnauld d'Andilly a écrit un récit de sa captivité, des Conférences[3], des Réflexions[4] et des Relations[5] pour servir à la vie de la Mère Angélique, sa tante.
[1]- En 1661, le roi Louis XIV impose la signature d’un formulaire à tous les ecclésiastiques de France : il s’agit de la condamnation de cinq propositions formulées par l’évêque d’Ypres Jansen et contenues dans son livre de l’Augustinus. Ces propositions sont jugées hérétiques par le Saint-Siège et formulées. Les jansénistes acceptent de signer le formulaire avec la restriction du faitet de droit : les propositions condamnées sont bien hérétiques en droitmais ne sont pas en faitcontenues dans l’ouvrage de Jansen.
[2]- Face à la longévité de la crise déclenchée par la signature du Formulaire, le pape Clément IX concède finalement en 1669 la distinction du faitet du droitce qui entraine la signature du formulaire par les jansénistes. Cette période de tolérance vis-à-vis du jansénisme s’étale de 1669 à 1679.
[3]- Angélique de Saint-Jean ARNAULD D’ANDILLY, Conférences de la mère Angélique de Saint Jean, abbesse, sur les constitutions du monastère de Port-Royal du Saint-Sacrement, Utrecht, 1760. 3 tomes.
[4]- Angélique de Saint-Jean ARNAULD D’ANDILLY, Réflexions de la M. Angélique de Saint-Jean Arnauld, abbesse de Port-Royal des Champs, pour préparer ses sœurs à la persécution conformément aux avis que la R. M. Agnès avoit laissés sur cette matière aux religieuses de ce monastère, sl, 1737.
[5]- Angélique de Saint-Jean ARNAULD D’ANDILLY, Relations sur la vie de la reverende mêre Angelique de Sainte Magdelaine Arnauld, ou recueil de la mere Angelique de Saint Jean Arnauld d'Andilly, sur la vie de sa Tante la Mère Marie-Angelique de St. Magdelaine Arnauld et sur la reforme des Abbayes de Port-Royal, Maubuisson et autres faite par cette Sainte Abbesse, Utrecht, 1737.
