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Jacqueline de Sainte-Euphémie Pascal

Jacqueline Pascal nait à Clermont le 5 octobre 1625. Son père, Etienne Pascal, est intendant de province, bien en cour avec le cardinal et premier ministre Richelieu[1]. Il donne une solide instruction à ses trois enfants, Blaise, Gilberte et Jacqueline. 

Jacqueline Pascal passe son enfance à Clermont puis à Paris à partir de 1631. Elle apprend à lire grâce à la poésie et a une très bonne mémoire. Elle excelle à faire des vers et compose des pièces. En 1638, Jacqueline Pascal compose une pièce de vers sur la grossesse d’Anne d’Autriche. Elle est alors présentée à la reine qui tient à la remercier personnellement. En 1638, Etienne Pascal manque de peu d’être embastillé et ne doit son salut qu’à sa fuite. Cette même année, Jacqueline contracte la petite vérole. A treize ans, elle en sort défigurée. En 1639, elle joue une comédie avec d’autres jeunes filles devant Richelieu, et obtient du cardinal le retour en grâce de son père. 

En 1639, Etienne Pascal est nommé intendant en Normandie et y mène sa famille. Adolescente, Jacqueline est très appréciée dans les compagnies. Plusieurs partis se présentent mais rien n’est conclu. Jacqueline a de l’éloignement pour l’état religieux. En 1646, un accident survenu à Etienne Pascal permet à la famille Pascal de faire la connaissance de deux gentilhommes jansénistes. Curieux, les enfants Pascal lisent les livres de Saint-Cyran, Jansénius et Antoine Arnauld. Jacqueline fait sa confirmation et devient d’un seul coup très dévote. En 1647, elle prend la décision de renoncer au monde. Elle se confie à M. Singlin qui lui vante la vie religieuse à Port-Royal dont il est alors le confesseur. Jacqueline Pascal est dès lors persuadée de pouvoir être religieuse « raisonnablement » à Port-Royal. Elle rencontre la mère Angélique Arnauld. Jacqueline se place sous la direction de Singlin et se résout complètement à être religieuse.

Elle est soutenue dans sa démarche par son frère Blaise mais son père refuse catégoriquement et la fait surveiller. En 1649, son père passe avec elle un marché : il ne la forcera pas à se marier mais elle devra rester avec lui jusqu’à sa mort. La famille Pascal séjourne ensuite en Auvergne. Jacqueline Pascal est entièrement gouvernée à distance par les mères de Port-Royal. Elle exerce la charité, fait l’abstinence, mortifie son corps, veille la nuit. 

De retour à Paris en 1650, elle mène le même genre de vie. En 1651, son père meurt. Le 4 janvier 1652, Jacqueline Pascal entre à Port-Royal. Elle ne reste postulante que quatre mois avant de prendre l’habit de novice le 26 mai 1652. Son frère lui reproche sa décision. Elle finit par le convaincre. Elle souhaite apporter en dot sa part de l’héritage paternel, ce qui contrarie sa sœur et son frère qui auraient voulu la récupérer. Pour contourner cette difficulté, Jacqueline Pascal laisse sa part d’héritage à ses frères et sœurs en échange d’une généreuse donation de Blaise Pascal au couvent.  Elle fait profession en juin 1653.

En 1655, elle est nommée sous-maitresse des novices, en 1657, maitresse des novices et sous-prieure. Elle enseigne aussi aux enfants. Elle s’attache beaucoup à cet emploi et elle rédige un Règlement pour les enfants. Elle met en pratique une nouvelle méthode de lecture inventée par son frère. 

En avril 1661, lorsque le roi ordonne le renvoi des pensionnaires et des novices, Jacqueline Pascal en est vivement affectée, notamment du départ de ses nièces, Marie-Jacqueline et Marguerite-Euphémie Périer, pensionnaires à Port-Royal de Paris. Lors de l’interrogatoire des religieuses sur leur foi, Jacqueline Pascal demeure ferme. Sur la question du jansénisme et de la signature du Formulaire, elle se montre passionnée, obstinée et intrépide. Elle refuse d’abord de signer le formulaire et condamne la manipulation des consciences que suscite cette affaire. Elle s’oppose directement à Antoine Arnauld : pour elle, le martyr vaut mieux que la compromission qu’il propose. 

Les deux couvents de Port-Royal de Paris et de Port-Royal des Champs finissent par se laisser convaincre de signer par Antoine Arnauld. Jacqueline Pascal cède mais signe le formulaire contre sa conscience. Torturée intérieurement par son geste, Jacqueline Pascal en tombe malade et meurt le 4 octobre 1661, à trente-six ans, après avoir langui trois mois. 

Jacqueline de Sainte-Euphémie Pascal est l’auteur de nombreux ouvrages, notamment des poésies, un traité spirituel sur la Passion du Christ écrit en 1651, un grand nombre de lettres et son Règlement pour les enfants. Elle laisse aussi des récits autobiographiques sur la mère Angélique Arnauld, ses difficultés avec son frère à propos de sa dot, son interrogatoire[2].

 

[1]- Sur la vie et les idées de Jacqueline Pascal : Victor 

[2]- Sur Jacqueline Pascal : Frédéric DELFORGE, Jacqueline Pascal (1625-1661), Paris, Éditions Nolin, 2002. 

SOCIETE DES AMIS DE PORT-ROYAL, Deux Grandes Figures d’Auvergne : Gilberte et Jacqueline Pascal,Chroniques de Port-Royal, no. 31, 1982. 

John J. CONLEY, Article « Jacqueline Pascal », TheInternet Encyclopédia of Philosophy : http://www.iep.utm.edu/pascal-j/