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Françoise de Nérestang

Françoise de Nérestang est née le 14 octobre 1591[1]. A six ans, elle est confiée pour son éducation au monastère cistercien de Bonlieu. En 1600, son père, Philibert de Nérestang, la rappelle à Paris. Ce dernier reçoit du roi le bénéfice de l’abbaye cistercienne de Mègemont. Françoise est donc destinée à l’abbatiat. Son père la renvoie à Bonlieu où elle fait son noviciat puis sa profession en 1603. La famille de Nérestang et la supérieure de Bonlieu l’accompagnent jusqu’à Mègemont, abbaye fondée vers 1206-1210 par les Dauphins d’Auvergne, alors en ruine et décadente. Françoise de Nérestang séjourne à l’abbaye de Coyroux pour apprendre son futur métier d’abbesse tandis que son père fait réparer le couvent. Saint Bernard apparait en songe à Françoise de Nérestang alors qu’elle se trouve à Mègemont, il l’exhorte à quitter cette abbaye pour la Bénisson-Dieu en lui promettant sa protection.

Pierre Camus est nommé abbé de l’abbaye cistercienne de la Bénisson-Dieu mais, dans le même temps, le sire de Nérestang obtient pour son fils Claude l’évéché de Belley. Trouvant son fils trop jeune pour commander un diocèse, il propose l’échange à Pierre Camus qui accepte. Pierre Camus devient évêque de Belley et Claude de Nérestang devient abbé de la Bénisson-Dieu en 1608. Au moment de la nomination de Claude de Nérestang, le monastère est au bord de la ruine matérielle, la vie conventuelle est presque inexistante, les moines ne sont plus que cinq ou six.

Effrayé par la rudesse du climat auvergnat pour sa fille, le seigneur de Nérestang préfère transférer les moines de La Bénisson-Dieu à Mègemont, et les moniales de Mègemont à la Bénisson-Dieu. L’échange est ratifié par lettres patentes du roi, puis par les abbés de Clairvaux et Cîteaux, par le Chapitre Général de Cîteaux et par bulle du pape Paul V. Le transfert se fait sous l’égide du Père Denys Largentier. Le 2 juillet 1612, les deux communautés quittent leurs couvents, avec une ré-installation simultanée le 3 juillet au soir. L’installation de Françoise de Nérestang par François du Soleil, grand-vicaire de Lyon, a lieu le 7 juillet. Dès le 8 juillet, Françoise de Nérestang reçoit des novices et des professes, dont sa sœur cadette, Adhémare-Catherine, nommée prieure.

A la suite d’un différend familial, Philibert de Nérestang séquestre sa fille au château d’Aurec pendant quinze mois, d’octobre 1616 à février 1618. Les moniales de La Bénisson-Dieu adressent une supplique solennelle au Chapitre Général de Cîteaux pour que leur abbesse leur soit rendue. Philibert de Nérestang rassemble une assemblée d’ecclésiastiques pour la convaincre de casser ses vœux mais les religieux lui ordonnent de la ramener à son couvent.  

Vers 1625, le frère de Françoise de Nérestang se marie et confie son épouse, Ennemonde Joachime de Harlay, à sa sœur alors qu’il part en mission. Cette belle-sœur calomnie abondamment l’abbesse. Une visite régulière et une enquête lavent l’abbesse de tout soupçon. Accablée, Françoise de Nérestang veut remettre sa charge d’abbesse. Elle souhaite consulter les abbés de Cîteaux et de Clairvaux sur son projet mais ces deux religieux décèdent avant toute entrevue. Françoise de Nérestang se résout à garder son abbaye pour y introduire la réforme. Elle recueille auprès d’elle ses deux nièces qui se font religieuses. 

Françoise de Nérestang désire fonder la vie de son monastère sur les usages cisterciens du XIIème siècle. L’abbesse recherche les premières constitutions de l’ordre et les vieux livres d’us et coutumes. Elle utilise le bréviaire de Cîteaux pour l’office. Françoise de Nérestang est l’auteur d’un règlement. Elle rebâtit entièrement le monastère et l’abbatiale qui menaçaient ruine.Un enclos de neuf hectares est à la disposition des religieuses. 

La mise en place de la réforme est progressive et reste plutôt mitigée. Françoise de Nérestang exige le minimum de ses religieuses, à savoir le respect des vœux, de la clôture et de la communauté. Elle instaure la clôture et le silence. Françoise de Nérestang reçoit par décret de l’abbé de Cîteaux le titre de restauratrice de l’abbaye.

Malgré l’aspect mitigé de la réforme, La Bénisson-Dieu devient un exemple pour d’autres monastères. Françoise de Nérestang participe à la réforme des trois abbayes du Réconfort, de l’Eclache et de Clavas. Des moniales de La Bénisson-Dieu sont envoyées dans ces abbayes, tandis que les abbesses viennent s’instruire à la Bénisson-Dieu. Elle favorise l’étude chez ses moniales en leur distribuant des livres. Elle écrit plusieurs opuscules de dévotion. L’abbesse éprouve un besoin de mortification qui la rend malade, et l’use avant l’âge. Elle meurt le samedi 16 mars 1652, à soixante-et-un ans. 

Le Père Chérubin de Marcigny, prédicateur de l’ordre des frères Mineurs Récollets, est le directeur de conscience et confesseur de Françoise de Nérestang. Il écrit deux biographies de l’abbesse, conçues comme des ouvrages d’édification religieuse et morale à l’usage de sa nièce Françoise II de Nérestang, abbesse de 1652 à 1675. 

 

[1]- Sur la vie de Françoise de Nérestang : Philippe Peyron, « Françoise de Nérestang (1591-1652) : une abbesse réformatrice au XVIIèmesiècle », dans Les religieuses dans le cloître et dans le monde, des origines à nos jours, Actes du IIème colloque international du CERCOR (Poitiers, 29 sept-2 oct 1988), Saint-Etienne, Publications de l’Université de Saint-Etienne, 1994 (CERCOR-Travaux et recherches).

Abbé Jean