Florence de Werquignoeul
Le père de Florence, François de Werquignoeul, fils de Frédéric et de Catherine de Thiant, vit retiré au château d’Epinoy-les-Oisy près de Cambrai. Il est marié à Gertrude de Davre, fille d’une famille vicomtière. Florence de Werquignoeul nait à Epinoy le 24 janvier 1559. Dès sept ans, Florence est placée en qualité d’écolière au chapitre noble de Moustier-sur-Sambre, près de Namur, dirigé par Anne de Davre, sa tante. Florence de Werquignoeul devient ensuite chanoinesse. Sa tante souhaite en faire sa coadjutrice mais la jeune fille aspire à une vie plus austère.
En 1579, en pleine guerre de religions, son père la retire de Moustier pour la mettre en sécurité à Douai. Florence de Werquignoeul a alors vingt ans. Pendant deux ans, elle vit dans la pénitence et s’impose un genre de vie très rude. Mortifications, privations, oraisons prolongées, forment dorénavant l’essentiel de sa vie. Florence de Werquignoeul ne souhaite pas réintégrer le chapitre de Moustier.
En septembre 1583, Florence entre alors au monastère de Flines, de l’ordre de Cîteaux, dirigé par Madame d’Esne. Elle prononce ses vœux le 15 juin 1585, avec une sœur cadette. La communauté réfugiée à Douai réintègre Flines. Dès son noviciat, la jeune fille édifie ses compagnes par son humilité, sa ferveur, sa générosité constante, son application vis-à-vis de l'observance. L'abbesse la consulte fréquemment en vue d'une réforme qu'elle se propose d'introduire dans son monastère. En effet, à cause des guerres de religions, la clôture n’est pas parfaite dans les monastères. Des vivres doivent y être apportés par les familles. Florence, avec quelques compagnes, décide de vivre au sein même de la communauté de Flines selon une règle plus stricte, et davantage dans l’esprit de saint Bernard.
En 1595, après avoir pris l’avis de son confesseur, elle met au point un projet nouveau, afin de tenter de restaurer une vie monastique plus conforme aux règles. L'abbé général des cisterciens refuse net la réforme proposée. Afin de donner plus de stabilité à la réforme, Florence de Werquignoeul juge nécessaire d'abandonner les coutumes cisterciennes pour suivre uniquement la Règle de saint Benoît. Une scission s'avère donc indispensable. Appuyées par l’Archiduc Albert d’Autriche et sa femme Isabelle, Infante d’Espagne, Florence et ses compagnes obtiennent en 1599, de la part des autorités civiles, l’autorisation de quitter l’ordre de Cîteaux pour celui de saint Benoît. L’évêque d’Arras donne alors son autorisation, laquelle entraîne celle de Cîteaux. Une maison bien située est acquise à Douai. Les Constitutions des bénédictines anglaises, qui viennent de s'établir à Bruxelles, sont jugées conformes à l'idéal entrevu.
Le 18 octobre 1604, Florence de Werquignoeul est officiellement désignée pour diriger ce premier monastère, qui prend le nom de « La Paix Notre Dame ». Florence de Werquignoeul et ses compagnes quittent donc l’abbaye de Flines, pour l’hôtel de la Motte à Douai en novembre 1604. Le 20 mars 1605, l'évêque d'Arras reçoit la profession solennelle de Florence de Werquignoeul et de ses filles, selon la Règle de saint Benoît. Désormais, canoniquement, elles sont bénédictines de la Paix Notre-Dame. Le lendemain, en la fête de saint Benoît, l'évêque procéde à la bénédiction abbatiale de Florence de Werquignoeul.
La réforme est immédiatement un succès, les postulantes affluent et Florence de Werquignoeul assume aussi la charge de maitresse des novices. En 1609, le Nonce apostolique, de passage à Douai, approuve la règle monastique révisée par la fondatrice dans un sens plus austère. En 1612, Florence de Werquignoeul adresse à Rome ses Constitutions et le pape Paul V Borghèse donne son approbation à la réforme.
Florence de Werquignoeul devient donc, de fait, fondatrice d’une nouvelle congrégation monastique, au sein de l’ordre bénédictin. Pendant une cinquantaine d’années, la nouvelle congrégation de « La Paix-Notre-Dame », nom imposé par Florence de Werquignoeul à toutes ses maisons, essaime. Des couvents adoptent la réforme, d’autres sont fondés. La nouvelle congrégation insiste sur une parfaite obéissance, un rigoureux silence, une grande pauvreté et une stricte clôture. Florence de Werquignoeul, malade et aveugle, meurt en odeur de sainteté à l’âge de soixante-dix-huit ans, le 29 août 1638, dans la première maison qu’elle avait fondée à Douai. Elle est inhumée dans le chœur de l’église de ce monastère[1].
[1]- PARENTY François-Joseph (Abbé), Histoire de Florence de Werquignoeul, première abbesse de la Paix-Notre-Dame à Douai, et institutrice de la réforme de l’ordre de Saint-Benoît, dans le Nord de la France et en Belgique, Lille, L. Lefort, 1846.