Sainte Opportune
L’histoire des origines de l’abbaye d’Almenèches est connue par deux récits hagiographiques écrits à la fin du IXème siècle ; il s’agit de la Vie de sainte Opportune de l’évêque de Sées Adalhelmus et la Vie de saint Chrodegang (ou Godegrand) de l’archevêque de Tours Hérard, cette dernière rédigée vers 860-870.
Adelelme compose sa vie de sainte Opportune par reconnaissance envers la sainte, une vingtaine d’années après la parution de la vie de saint Godegrand. La vie a peut-être été écrite pour servir de leçons aux Matines de la fête de la sainte. Le livre a été rédigé vers 886-887. Adelelme indique que, comme la sainte obtenait toujours restitution des biens et animaux volés au couvent, les gens l’invoquent pour retrouver des objets perdus ou volés, notamment le bétail. Sainte Opportune est aussi thaumaturge.
Issue d’une famille noble de la région, elle décide de se consacrer à Dieu dès son enfance en faisant vœu de virginité. Elle demande à ses parents l’entrée au monastère de Montreuil et l’obtient. Elle est bientôt élue abbesse. Il n’y a pas de clôture. L’abbesse loge dans une maison à part et reçoit des hôtes chez elle. Le monastère est desservi par un collège de prêtres à qui l’abbesse donne des ordres. Les biens sont mis en commun. On prête à l’abbesse de nombreux miracles, notamment celui du Pré Salé. Sainte Opportune détient une grande emprise sur le diable. Sainte Opportune est aussi la sœur de l’évêque martyr saint Godegrand.
La tradition rapporte que Godegrand est évêque de Sées. Il fait un pèlerinage aux tombeaux des Apôtres à Rome pendant sept ans en confiant son diocèse à son grand vicaire et parent, Chrodebert. Ce dernier fait courir le bruit de la mort de l’évêque et se fait élire à sa place, usurpant l’évêché. A son retour, Godegrand trouve le siège épiscopal occupé et part se réfugier à l’abbaye de Montreuil chez sainte Opportune. Il visite d’abord Almenèches dont l’abbesse est une de ses parentes, Lanthilde. Il est assassiné par un séide de Chrodebert sur le chemin de l’abbaye. Son corps est transporté à Montreuil, sainte Opportune étant la seule à pouvoir le déplacer, et enseveli par ses soins.
Frappée au cœur par la mort de Godegrand, Opportune décède peu de jours après cet évènement. Peu avant sa mort, elle a une vision où sainte Cécile et sainte Lucie viennent lui apporter un message du ciel. Sur son lit de mort, sainte Opportune est aussi gratifiée d’une vision de la Vierge Marie[1].
Le monastère d’Almenèches disparait à la fin du IXème siècle lors des invasions vikings. L’abbaye est rétablie à la fin du XIème siècle par Roger II de Montgommery, propriétaire de la terre d’Almenèches qu’il a reçue du duc de Normandie. Il décide de restaurer le monastère abandonné vers 1060[2].
[1]- Sur sainte Opportune et son culte : Dom Guy OURY, o.s.b, « Sainte Opportune, sa vie et ses reliques », dans Dom Yves CHAUSSY, o.s.b, dir., L'Abbaye d'Almenèches-Argentan et Sainte Opportune : sa vie et son culte, Paris, P. Lethielleux, 1970, (Collection Bibliothèque d’histoire et d’archéologie chrétienne).
[2]- Sur les origines de l’abbaye d’Almenèches : Lucien MUSSET, « Les premiers temps de l’abbaye d’Almenèches des origines au XIIèmesiècle », dans Dom Yves CHAUSSY, o.s.b, dir., L'Abbaye d'Almenèches-Argentan, ibidem.
