Tout support matériel présentant une image visuelle de ces religieuses est pris en compte.
L’image comme « représentation »
L’image est un signe dont le signifiant et le signifié sont dans une relation naturelle de ressemblance et d’évocation. Les images sont donc constituées de figures ou d’assemblages de figures, qui sont autant de signes perpétuant les apparences de la vie. En cela, l’acte de représentation est lié aux arts visuels où la « représentation » est un mode sémantique consistant en l’imitation de l’apparence et se distinguant de la « présentation », c’est-à-dire le fait de donner à voir concrètement, et « l’expression », c’est-à-dire le fait de produire du sens par l’art. L’image fait fonction de substitut du vivant.
En ce qui concerne son rapport au texte, l’image peut éclairer le texte et le texte aider à comprendre l’image. C’est bien l’image qui prévaut dans cette étude, le texte littéraire n’étant qu’un soutien à l’interprétation du contenu de l’image. Par exemple, la démarche d’étude de l’image d’Erwin Panofski atteint ces limites avec le corpus rassemblé. Erwin Panofski cherche le texte ou les agencements de textes derrière l’image, au point de postuler parfois, implicitement, un sens caché et une opération de cryptage du sens dans l’image. Les images du corpus se prêtent peu à cette confrontation systématique avec un texte car un grand nombre d’entre elles n’est pas relié à un texte précis.
Représentations visuelles et représentations mentales
La double finalité de l’image est de dévoiler les éléments sensibles à la vue mais aussi de suggérer une autre représentation par la confrontation du visuel, du textuel et des associations mentales. L’image physique mène naturellement à l’image mentale, image que l’individu se fait, par la pensée, d’une projection sensorielle, d’un concept ou d’une situation. Georges Duby en histoire et Marc Augé en anthropologie ont mis en évidence la fonction de représentation dans la constitution des rapports sociaux et l’orientation des comportements de groupe par la construction d’un imaginaire collectif.
Ces représentations mentales sont réelles et fictives, dans le sens où elles s’appuient sur une certaine réalité, nécessairement déformée par des volontés diverses. En l’occurrence, quelles représentations mentales induisent les représentations iconographiques de ces religieuses dans la pensée de leurs contemporains mais aussi dans la nôtre aujourd’hui ?