Châlons-sur-Marne 1596 - vers 1650/1660
Titre : "L'idée parfaicte des vrais supérieurs".
Poème en bas : "Dévot religieux qui regardez ces plantes Ces olyves de paix richement verdissantes Et couvertes de fruict, Imitez s’il vous plaist l’aveugle évangélique, Après l’attouchement d’une main vivifique Qui dissipa sa nuit. L’esprit extasié de divers mouvements Dans la variété des objets différents qui remplissent le monde : Je vois, s’escrioit-il, commençant à y voir, En forme d’arbrisseaux les hommes se mouvoir Sur la machine ronde. Les hommes sont des plantes, mais plantes renversées Dont la tige est au ciel & les branches courbées Panchent la teste en bas, Arbres du paradis qui ont leur origine Et leur premier séjour dans l’essence divine Exemptes du trespas. Ouvrant, dis-je, les yeux sur ces arbres fruitiers Et rejettant de vous ces modèles grossiers Qui blessent la pensée, Dites que vous trouvez en ce double olyvier Mistiquement tracé d’un esprit régulier La figure & l’idée. Mirez dans les vertus que renferme l’olyve Du père sainct Benoist une image si vive Qu’elle n’a rien d’esgal. Voiez y le pourtraict de sa sœur Scholastique, Et jugez en secret si ce iérogliphique Choque l’original. Tout ce que l’olyvier a de plus prétieux Je le vois esclatter en ces religieux Et d’une riche monstre. Son teint blanc & vermeil, son feuillage & sa fleur Et son fruit savoureux qui se fond en liqueur Justement s’y rencontre. Son suc brusle & nourrit & sert de médecine : La règle de ce sainct eschauffe & illumine Et guérit nos malheurs. Bref plus heureusement que la manne angélique Qui ne peult contenter un désert famélique, Elle nourrit les cœurs. Olyve, le craion des dons du Sainct Esprit, Le symbole commun de l’amant Jésus Christ Et de sa chère mère, Mais symbole imparfaict, sans poulx, sans mouvement, Pour figurer aux yeux assez naisvement Ce comble de mystère, Qui donc se picquera d’une autre cognoissance Et voudra posséder l’emblème en son essence Sans imperfection Cognoistre l’olyvier, sa vertu, ses mystères Qui le font honorer ; je trouve en ces deux frères Sa satisfaction." "A Reims, par Moreau, avec priv. Du roy".
HEURTEBIZE Benjamin et TRIGER Robert, Sainte Scholastique, Patronne du Mans, Paris, Impression Saint-Pierre, Solesmes et Victor Retaux, 1897, p.218 et 491-493.
Benoit et Scholastique sont debout aux pieds de deux oliviers, de chaque côté d'un chandelier à sept branches. Présence des armoiries d'Henri de Lorraine-Guise, archevêque de Reims en 1629 et abbé commendataire de Saint-Rémi depuis 1622. En bas à droite, les armes de l'abbaye de Saint-Rémi. En bas à gauche celles de la congrégation de Saint-Maur. Le poème compare l'olivier à la règle bénédictine et incite les supérieurs de couvents à prendre exemple sur Benoit et Scholastique.