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Bénédiction solennelle de Madame Madeleine Molé -église de Saint Antoine
Auteur principal
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Date d'exécution
1653
Lieu d'exécution
Commentaires

Bénédiction solennelle de Madame Madeleine Molé, abbesse, le 12 Février 1653, dans l'église de Saint Antoine. Présence de la reine, de l'évêque François de Harlay et de nombreux aristocrates.

Texte dans image

Dans le cartouche : "A Monseigneur Molé garde des sceaux de France. Monseigneur, Encore que le Jour de la Bénédiction de Madame l’Abbesse de Sainct-Anthoine vostre fille, soit marqué de rouge dans nos Calendriers, puis que le fameux Nom quelle porte la rendu célèbre à toute la France, j'ay creu estre obligé de consacrer à vostre grandeur le pieux Trophée d'vne si Saincte action, pour informer la Postérité des grâces particulières dont le Ciel a comblé vostre illustre famille. Et comme en cela la prouidence de Dieu, la justice du Roy, et la fidélité de vos services se font admirer également, vous nous paraissez d'autant plus admirable,que vostre mérite est le sujet de toutes ces merveilles. Je ne parlerais point des vertus de Madame vostre fille puis qu'elles sont couronnées par le sufrage et en la présence de la plus grande Royne du monde. Je me contente après auoir esté témoin et de son bonheur, et de vostre gloire, d'en graver la vérité sur ce Cuivre,pour en éterniser le souvenir. C'est le dessein Monseigneur De vostre très humble et très obéissant serviteur P. Erresalde."

Paratexte

Légende : "L'Abbaye de Sainct Anthoine estant vacante en l’année cinquente deux, par la mort de Madame Marie Bouthillier, le Roy en pourvut Madame Magdelene Molé Religieuse de l'Abbaye Royale de Chelles, et fille de Monseigneur Molé, premier président et garde des Sceaux de France en mémoire, plutost qu'en reconnoissance des importans services que cet Illustre Ministre avoit rendus à l’Estat. Elle receut le Brevet de sa nomination le vingt septiesme sept. dans l’Arcenal,ou toute la comunauté de Chelles s'estoit réfugiée pour se mettre à l’abry des desordres de la guerre, et le trentièsme du mesme moys elle fut visitée de la comunauté de Saint Anthoine, qui faisoit son séjour à Paris par les mesmes considérations. Aprez son retour dans l'Abbaye de Chelles elle en partit le lendemain de l’arrivée de ses Bulles pour venir prendre l'habit de Saint Bernard, qu'elle receut de la main de L’Abbé de Cisteau, General de l'Ordre, dans l'Eglise de l'Abbaye de Saint Anthoine, avec toutes les cérémonies qui se pratiquent en ces actions. Elle fut en suite à Paris atandant le jour de son entrée, qu'elle fit solemnelcment bientost apres à la vue d'vn monde de peuple qui au seul bruit de son Illustre Non en voulut estre témoin ne pouvant cacher la joye d'vne si agréable nouvelle. La Cérémonie en fut faîcte par Monsieur l’Official de Paris, selon la coustume de l'Eglise. Le Douziesme de Febvrier de l’année suivante fut le jour de sa Bénédiction. La Reyne eut la bonté de s'inviter elle mesme pour la rendre plus celebre par sa présence, et témoigner l’estime qu'elle avoit pour le Père dans l'honneur qu'elle faisoit à la Fille. Sa Majesté ne fut pas plutost arrivée, sur les dix heures du matin dans l'Abbaye de Saint Anthoine, acompaignée de Monseigneur le duc d'Anjou, et de plusieurs autres Princes et Princesses, que le Faubourg fut remply de monde de tout sexe et de tout âge ; et comme il estoit animé de la curiosité de voir couronner toutes les vertus ensemble, en la personne de cette nouvelle Abesse, la foule en paressoit d'autant plus agréable, qu'elle estoit grande. Certes tout contribuoit au bonheur de cette Cérémonie. Monseigneur l’Archeuesque de Rouen célébrait l'office, assisté de vingt quatre Prestres, revestus de leurs chapes. L'Eglise estoit Superbement parée, l’autel richemet orné, la musique fort excellente, et l’on ne pouvoit rien ajoutter à la beauté de l'Assamblée, puis que la plus digne Reyne qui ait jamais porté courône, et vn des plus grands Princes que le Ciel ait doné a la Terre, en faisoient l’éclat, et la grandeur. II y avoit encore beaucoup de satisfaction a voir Madame l’Abbesse de Saint Anthoine a genoux aux pieds de l'Autel, ayant a sez costez les Abbesses de nostre Dame de Sens, et de Saint Aubin soeurs de Monseigneur l’Archeuvêque, tenant chacune la crosse a la main, quoy que la dernière ne soit pas crossée, et toutes ensemble environées de chasque costé, d'vn grand nombre de Religieuses, dont la modestie estoit d'autant plus admirable, qu'elles avoient le pouvoir de cacher sur leur visage la joye qu'elles ressentoient dans l’ame. Durant le Temps qu'on chanta le Te Deum Madame de Saint Anthoine fut conduite dans le Chœur pour y prendre sa place, où toutes les Religieuses luy vindrent rendre leurs devoirs. Cette Cérémonie se termina avec le mesme ordre qu'elle avoit esté commencée, par les soins de Monsieur Potier Maistre des cérémonies, et de Monsieur Des Roziers, exempt des gardes de la Reyne, et en suite sa Majesté entra dans le cloistre, où elle fut magnifiquement traitée, et servie à table,par six Religieuses. Mais pour comble de Bonheur, le Roy a fait Coadjutrice de Madame l’Abbesse de Saint Anthoine, Madame Françoise Molé sa soeur puisnée, et Religieuse de la mesme Abbaye, pour rendre ses bienfaits d'autant plus durables en cette Illustre famille, que tous ceux qui en ont porté le nom se sont fait également considérer de siècle en siècle, et par leurs Eminentes vertus,et par leurs importans services."

Références

BONNARDOT Hippolyte, L'abbaye royale de Saint-Antoine-des-Champs de l'ordre de Citeaux, étude topographique et historique, Paris, Feloz et Letouzey, 1882. Planche 5.

Biographie