Envisager une refonte des instruments de travail sur le monachisme, comme le répertoire de dom Cottineau ou les volumes des Abbayes et prieurés de l’ancienne France, ne pouvait se faire aujourd’hui sans repenser la question du support. Si une édition papier, sous forme classique, était envisageable, à l’image de ce qui se fait, par exemple, en Suisse depuis 1964 avec les 28 volumes de l’Helvetia Sacra, il est bien évident que le format électronique s’adapte tout particulièrement à un corpus des Monastères qui est avant tout un ouvrage de consultations et d’interrogations croisées.
Il s’agit ici de rassembler le corpus des établissements réguliers de la France médiévale. Par « monastère » nous entendons l’ensemble des abbayes et de leurs dépendances régulières conventuelles (prieurés) tenus par des moines, des moniales ou des chanoines réguliers. Nous avons, en revanche, exclu les ordres mendiants notamment parce que la vie et l’organisation de ces religieux sont très différentes de celles des moines et que d’autres projets s’y consacrent.
L’architecture de la base Monastères a été établie par une équipe d’historiens et d’archéologues en étroite collaboration avec l’ingénieur en charge de la réalisation de l’outil. Elle rassemble des informations à la fois documentaires, historiques et patrimoniales. Les notices comportent ainsi cinq catégories de données : identitaires (nom, localisations et géolocalisation), historiques (chronologie, évolutions institutionnelle, vie régulière et observance, ordre et mutations d’ordres), archéologiques et architecturales et enfin heuristiques (sources documentaires, sources iconographiques, bibliographie). Les notices d’établissements sont rédigées sous la responsabilité de leurs auteurs. Un même établissement peut ainsi donner lieu à plusieurs signatures en fonction des spécialités de chacun (sources documentaires, archéologie…).
L’objectif n’était pas seulement de proposer un inventaire mais surtout de constituer un corpus dont la distribution spatiale et chronologique puisse être représentée et analysée. Pour cela Monastères s’est rapproché d’un projet de recherche parallèle sur les Collégiales séculières médiévales porté par Anne Massoni (université de Limoges) pour constituer le programme COL&MON COLlégiales & MONastères de la réforme carolingienne au concile de Trente 816-1563), qui fut financé par l'ANR pour 48 mois (2016-2020). Ce programme vise à mieux comprendre les logiques de structuration, d’implantation et d’évolution institutionnelle des monastères et des collégiales de France au Moyen Âge qui sont les maillons essentiels de la géographie ecclésiastique entre cathédrales et églises paroissiales. COL&MON permet de répertorier, décrire, localiser et explorer cartographiquement dans une base de données les établissements religieux médiévaux qui ont abrité au cours de leur vie une communauté, d’hommes ou de femmes. Issue de la fusion des deux bases préexistantes au projet, il décrit leurs caractéristiques historiques et monumentales, datées pour la plupart d’entre elles. COL&MON propose un portail comportant deux volets qui permettent d’interroger les données et de visualiser les résultats des requêtes sous forme de tableaux, de cartes et de graphiques. Ces applications permettent notamment de visualiser l’étendue et les évolutions des réseaux monastiques, des réseaux de confraternités qui unissent entre eux les établissements et des réseaux scolaires qui en dépendent.